Société d’ Histoire de Revel Saint-Ferréol                                    LES CAHIERS DE L’ HISTOIRE

 

 

LE SOREZOIS
A TRAVERS LE MOYEN AGE

INTRODUCTION

(par Solenne Muller Feuga)

RETOUR ACCUEIL

 

 

 Les études récentes se sont orientées sur la nature de l'occupation du sol à l'échelle du Piémont Nord de la Montagne Noire , et la naissance et le développement du bourg de Soréze . Les multiples incidents que l'abbaye a connue au Moyen Age et les incendies ravageurs de la Révolution Française sont à l'origine de la disparition de nombreux documents médiévaux qui auraient été précieux pour comprendre son histoire.
De ce fait, les sources médiévales qui nous
sont parvenues sont peu nombreuses et postérieures au XIIe s.
En 1571
- 1573, le monastère bénédictin fut anéanti par les protestants, les bâtiments rasés, et les archives détruites.  

Parmi les documents-sources essentiels, les spécialistes se référent le plus souvent aux suivants : 

 -    Etienne Dulaura (moine mauriste de l'abbaye Notre Dame de la Sagne de Soréze), Sinopsis rerum memorabilium, 1696, conservé aux ADT (cote 2J 1) : comprenant des analyses succinctes d'actes médiévaux.
 -
    Cartulaire du début du XVIIIe s, conservé aux ADT (cote 69 J2)
 -
   Compoix de 1595, conservé aux AC de Soréze.
 -    Catala F. (notaire de Soréze), Compoix de 1747 avec atlas cadastral du territoire de la commune et reconstitution schématique du plan cadastral de 1595, conservés aux AC de Soréze.
 -    Cadastre napoléonien de 1833.

 

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Vue sur la plaine de Soréze, depuis le le plateau du causse. Au premier plan le village de Soréze

Le village de  Soréze sur sa partie piémontaise, vu depuis le plateau du causse

 

 

SOMMAIRE

LA FONDATION DE L'ABBAYE NOTRE DAME DE LA SAGNE

CONTROVERSE AUTOUR DE LA FONDATION DE L'ABBAYE BENEDICTINE

LA CHARTE DE FONDATION DE L'ABBAYE CAROLINGIENNE

 

 

« Il n'est pas aisé de marquer l'époque précise de la fondation de Soréze ». Dom Vaissète. 1715.
La charte (ou encore diplôme) est connue à travers 8 principaux documents historiques :

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1.La copie du vidimus de 1391
2. Le vidimus original a disparu.
II en existe une copie très incorrecte faite à l'abbaye en 1723 et tirée d'un cahier de reconnaissance par le père Blaquière.
La copie retranscrite fut publiée in - extenso par le Dr Clos dans sa Notice sur Soréze et ses environs en 1822.
L'original fut signé par le viguier de Toulouse Bernard de Grasignac au XIVe s.
Celui - ci avait pris soin de préciser l'état du document au moment de sa copie :
« Nous avons vu, nous avons tenu palpé et fait lire mot à mot devant nous, certaines lettres patentes très anciennes, écrites sur parchemin et très difficiles à lire à cause de la forme antique de l'écriture et parce que le parchemin était troué à plusieurs endroits.
Elles émanaient du roi Pépin, de bonne mémoire, et étaient signées de sa propre main, comme il apparaissait à première vue; cependant elles n'étaient pas scellées, la marque de l'anneau, dont il est fait mention, ayant été détruite par le temps, mais la place du sceau était encore apparente. »
3. Manuscrit de 1696 de Dom Dulaura
4. Baluze, Regum Francorum Capitularia, t. II, app. XII (il fixe la date de fondation de l'abbaye en 754)
5. Annales ordinis sancti Benedicti, t. II, p. 439 (il fixe la date de fondation de l'abbaye en 816)
6. Gallia Christiana, t. XIII, p. 316 (il fixe la date de fondation de l'abbaye en 816)
7. Dom Vaissète, HGL, t. Il, nouvelle édition (il fixe la date de fondation de l'abbaye en 816; copie du Gallia Christiana, t. XIII, p. 316)
8. Abbé DE FOY, Notice des diplômes relatifs à l'histoire de France

Des erreurs de transcription ont pu être glissées dans la reproduction de la charte originale, et répétées dans les copies du vidimus.
Ces erreurs se sont répercutées sur les réflexions opposées autour de l'identification de la date de fondation, et donc aussi sur l'identité réelle du souverain fondateur.
Selon le vidimus de 1391, la formule datant le diplôme écrit :
« Data septimo kalendas septembris domino christo propitio septimo ( ou secundo) imperii domini regis serenissimi, indictione septima. Actum Aquis Grani palatio regis et dei nomine feliciter. Amen. »
Le copiste ajoute au bas de sa copie: « l'an VII du Roi Pépin furent expédiés lesdites lettres. Cestoit lan de l'Incarnation notre seigneur Jésus Christ 758. »

En fonction des interprétations, et des calculs relatifs à « l'induction », les principales dates de fondation proposées calculées étaient : 754, 814, 817.
Attribuée soit à Pépin le Bref soit à Pépin Ier d'Aquitaine dans le Gallia Christiana, nous nous contenterons de la réflexion poussée de Elisabeth Magnou - Nortier qui semble faire l'unanimité à ce jour, fixant l'année de la fondation à 816, sous le règne de l'empereur Louis Le Pieux, régnant de 814 à 840, descendant direct de Charlemagne.
Le contenu du vidimus, trace écrite la plus ancienne faisant acte de diplôme carolingien « recopié », paraît reposer sur une tradition authentique, reflet de la politique religieuse impériale carolingienne à travers des privilèges royaux délivrés volontairement au nouveau monastère.

 

 

 

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Pépin Ier d'Aquitaine (né en 797 - mort le 13 décembre 838 à Poitiers) fut roi d'Aquitaine (817-838).
Il était le fils de Louis Ier dit le Pieux et d’ Ermengarde de Hesbaye.
A la naissance en 823 de son demi-frère, le futur Charles le chauve, il se brouille avec son père et s'allie
 à ses frères sous l'égide de Wala (v.765-† 836), fils de Bernard, cousin de Charlemagne.

 

 

 

 

 

SOMMAIRE

 

POLITIQUE CAROLINGIENNE ET REFORME MONASTIQUE :
LA MARQUE DE LOUIS LE PIEUX ET DE ST BENOIT D' ANIANE

 

 

 

« La paix franque » suscite au IXe s. un essor monastique.
Incorporée au diocèse de Narbonne (IXe - XIe s), l'abbaye Notre Dame de la Sagne, comme la majorité des fondations, bénéficie de l'appui et de privilèges royaux, et reçoit en même temps des biens fiscaux.
Communauté restreinte regroupant quelques ascètes, elle est chargée du service public de prière.
L'abbaye participe au mouvement de réforme monastique confiée par l'emper010eur à Benoît d'Aniane, et elle fait partie des quelques 25 établissements créés à l'époque carolingienne.
A l'image de nombreux monastères fondés au IXe s, celui de Notre Dame de la Sagne se place sous la protection du castrum de Virdiminus (Berniquaut), et sous le patronat de la famille vicomtale d'Albigeois.
L'abbaye bénéficie de la sauvegarde, l'immunité et de la libre élection de l'abbé, privilèges qui permettent de parler de « tradition authentique ».
La libre élection évite toute emprise laïque systématique locale, théoriquement, sur le choix de l'abbé, et donc elle limite le « danger » du népotisme.
Le droit d'immunité permet à l'abbé d'être maître des terres qui sont attribuées à l'abbaye, et les officiers royaux ne peuvent pénétrer sur son territoire que sous son autorisation.
Le monastère et son patrimoine constituent ainsi une sauveté religieuse, un refuge de paix. L'abbé fait office d'intermédiaire entre le monde politique et religieux, nommé pour régler tous les problèmes temporels du monastère (service militaire, hospitalité, finances), en même temps qu'il se situe au sommet de la hiérarchie du monastère.
L'évocation dans la Notitia de servitio monasteriorum en 819 semble soutenir
l'idée que les moines ne sont redevables envers le souverain que du service de prière, ceci s'expliquant par la jeunesse de l'établissement qui « ne pouvait offrir au roi que des prières » aux Xe- XIe s.
La fondation de Notre Dame de la Sagne s'inscrit dans le mouvement de la Renaissance carolingienne qui s'identifie sur le plan religieux à la naissance d'un monachisme impérial, impulsée par la réforme monastique d'un côté appuyée par Benoît d'Aniane vers 816 - 817, et la réforme canoniale de l'autre.
Le but de la réforme monastique est d'homogénéiser et d'harmoniser les règles et les liturgies.
Les 2 grands conciles d'Aix la Chapelle en 816, et le cartulaire monastique de 817 insistent sur la généralisation de la règle de St Benoît de Nursie du Villes.
L'encouragement impérial à bien suivre cette règle dans la majorité des monastères permet de répondre aux changements culturels, géographiques et politiques constatés qui enveniment la gestion impériale sur ces mêmes domaines socioculturels.

 

 

SOMMAIRE

PRECISIONS SUR LA REGLE DE ST BENOIT « CAROLINGIENNE »

 



La règle de St Benoît au IXe s apporte une redéfinition du travail des moines avec une part accrue du travail manuel, une adaptation aux exigences de modes de vie variés en fonction des régions, et une mise en valeur des travaux liturgiques.
La memoria ou prière pour les défunts est de plus en plus importante, moyen le plus efficace pour faciliter le salut éternel des proches, et la messe est alors la forme de prière la plus recherchée.
L'abbaye de Soréze a pu compter parmi ses moines quelques moines - prêtres désignés pour célébrer une ou plusieurs messes quotidiennes.
Les processions liturgiques à travers les Eglises monastiques se multipliaient et la célébration liturgique devenait l'activité principale du moine carolingien.

Les premiers moines de Soréze ont donc mis en application une règle sévère, associant obéissance, stabilité, et éloignement du monde pour satisfaire l'essence du cénobitisme.

Communauté bénédictine à « l'histoire peu originale », elle a suivi et participé à l'évolution de la société : ceci peut se lire à travers une expansion territoriale continue du IXe au XIVe s qui induit une intégration progressive mais certaine dans le système féodal en plein essor.

 

 

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ABBAYE DE SOREZE

 

 

 

SOMMAIRE

 

LES BASES TERRITORIALES MONASTIQUES DE NOTRE DAME DE LA SAGNE
AU IX° SIECLE.


 
  Les donations du IXe s faites par Louis le Pieux avaient pour but d'aider la communauté naissante à prendre son essor.
   Eugène Mabille a livré dans une Histoire du Languedoc éditée en 1876 une liste de 56 abbés, comportant un certain nombre de trous dans l'histoire des IXe et Xe s. .
   Les dons faits en 817 par Louis le Pieux à l'abbé Bertrand, premier abbé de Soréze, attestent de la fondation de l'abbaye en 816.
   Cette année - ci, Bertrand avait sous son autorité les biens fiscaux de Villemagne et Villepinte dans le Lauragais, au Sud de la Montagne Noire.
   En 817, se rajoutent des biens autour du monastère de Cella Maulphi (Saramon, dans le Gers actuel) et en Agenais).
  Ce territoire primitif ne va cesser de grandir par le biais de dots moniales, d'achats et de récupération de biens anciennement usurpés par les laïcs qui ont abusé d'un système social antérieur à la reprise en main carolingienne, ainsi que de restitutions.

 

SOMMAIRE


LOCALISATION DES FONDATIONS DE L'ABBAYE MEDIEVALE

 


   Il est assez difficile de localiser précisément l'emplacement possible des bâtiments des premiers monastères médiévaux à Soréze. Nous avons déjà vu que l'abbaye fut victime de nombreuses crises et destructions.
   Au XVIe s., en 1571, lors des guerres de religion opposant catholiques et protestants, ceux- ci devenus maître du village installèrent leur lieu de culte dans l'ancienne abbatiale.
   Plus tard, les moines de la communauté de St Maur reconstruisirent les bâtiments.
L'acte du 26 mai 1638 indique que « la nouvelle église est construite sur le temple des protestants », donc à l'emplacement de l'abbatial médiéval .
    En effet :
       «[...] les protestants bâtir leur presche laissant les fondements de l'église et les murailles seullement de deux coudées de haulteur ». Le Monasticon Gallicanum précise qu'on « a basti sur de nouveaux et comme on croid forbtes fondements laissant les anciens tout proches qui estoient très solides sur l'apprehension qu'on a eu que en bastissant dessus et les suivant, cela eust obligé à de très grandes et excessives despenses. ».

    Les études de N. Pousthomis et S. Campech corroborent et convergent vers l'idée que le plan et l'organisation de l'abbaye de 1657, délivré par le Monasticon Gallicanum, respecte presque totalement l'emplacement et l'organisation primitifs du monastère médiéval.

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SOMMAIRE

 

DE L'ABBAYE AU BOURG ECCLESIAL : LES PREMIERS FAUBOURGS DE SOREZE

ABANDON PROGRESSIF DE BRUNIQUEL,
OBJET DE LA CO-SEIGNEURIE DE ROQUEFORT ET DE SOREZE

MENTIONS DU CASTRUM (lien vers Berniquaut)



La charte de fondation de l'abbaye de Soréze cite le castrum de Berniquaut de la manière suivante: « juxtam castrum dicitur Virdiminus ».
Le site de Verdun (Virdiminus) serait alors une forteresse publique carolingienne .

Aux Xle et XIIe s, on parle du « castellum »(1141), ou « castellare» (1046), ou « bastimentum »(1153) de « Brunichellis » (1141).
Au XIIe s., possession des vicomtes d'Albi, l'administration du castrum est inféodée aux seigneurs de Roquefort, et au seigneur abbé de Soréze.
Les seigneurs de Roquefort sont co-seigneurs avec le seigneur abbé de Soréze, et ils se partageaient les revenus que rapportaient les activités du lieu .
Le site est alors un « habitat aggloméré et fortifié, dont la superficie a été évaluée à 1,8 ha et le nombre de bâtiments à une centaine, auquel s'ajoutait un faubourg hors les murs » .
Les anciens remparts ont été restaurés à l'époque gallo - romaine, cette restauration ayant certainement été motivée par les invasions barbares .

 

 

 

 

SOMMAIRE

 

UN ETAT DE BERNIQUAUT A L'EPOQUE DE SA DESERTION (XII° - DEBUT XIII° S.)

Fouillé de 1968 à 1972 par l'équipe archéologique de Jean Lautier, le site de Berniquaut mériterait que de nouvelles fouilles soient entreprises.
La source essentielle utilisée par Jean Lautier est le « Plan géométral de la métairie de Berniquaut appartenant à M. Clos et des ruines de l'ancienne ville de Puyvert lesquelles font en partie dépendance de la dite métairie » exécuté en 1827, et la Notice historique de Soréze et ses environs » parue en 1844 qui donne une description du site.
Celui - ci était beaucoup plus visible qu'au XXe s.
La Société d'Histoire de Revel Saint Ferréol et la S.R.S.A.S.R. ont récemment réalisé des relevés des structures apparentes de la partie sommitale du site .
C'est la première étape d'un programme de relevés qui a pour but de dresser un plan détaillé et précis du site, qui apportera des éléments complémentaires importants pour élucider les mystères archéologiques que les fouilles essentielles de M. J. Lautier n'ont pu justement élucider.
Ce travail permet d'apprécier en partie la réalité spatiale et urbanistique du village au début du XIIIe s.
Les premières interprétations permettent de repérer facilement le tracé de l'enceinte de la partie sommitale, en même temps qu'une distribution spatiale rationnelle de l'habitat et de la voirie, dont les directions sont organisées par courbes de niveau .
Héritiers d'un long passé, les hommes ont exploité de façon pragmatique l'exiguïté spatiale du site qui exigeait une organisation communautaire rigoureuse et cohérente, surtout en cas de crise (guerres, catastrophes naturelles entraînant des catastrophes agricoles).
La voie principale traverse bien le village du Sud Est au Nord Ouest. J.P. Calvet lance l'hypothèse d'une zone de carrefour de voies annexes rejoignant la voie principale à l'endroit où J. - A. Clos fait apparaître sur son plan de 1824 une place centrale du village au niveau de cette zone dépourvue de constructions.
Des remarques ont aussi été portées sur l'appareillage général des murs - vestiges et la géométrie des pièces, absentes dans les rapports archéologiques antérieurs .
L'épaisseur des murs d'abord oscille entre 1,15 m et 1,3 m, et des traces de liant à chaux ont été repérées, jamais indiquées auparavant.
L'appareillage général est de type isodome (pierres parallélépipédiques et rectangulaires, à assise horizontale).
Les pierres proviennent du débitage des roches sur le site même, et des traces d'extraction sont présentes sur le versant.

La suite du programme de relevés topographiques permettra peut - être d'apporter de nouvelles réponses sur par exemple la description exacte des différents bâtiments, les tracés des voies, la localisation d'une place d'échange, la hauteur possible des remparts de l'enceinte avant leur effondrement.
L'état dans lequel nous trouvons cette partie de Berniquaut aujourd'hui est différent de son état après son abandon définitif au XIIIe s, les habitants ayant progressivement déserté le lieu au profit des villages naissants de Soréze et Durfort dès la seconde moitié du XIIe s. .

L'aspect arasé des murs soulève des problèmes que l'étude des suites de ces migrations réparties logiquement entre Durfort, Soréze et Revel, pourront sans doute résoudre.

 

 

SOMMAIRE

LE VILLAGE HAUT DE BERNIQUAUT

 

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L'équipe de Jean Lautier a évoqué la présence d'un château « placé sur la partie la plus élevée de la montagne ».
Le plan de Jean Paul Calvet fait mention de « vestige de ce qui aurait pu être une tour défensive [qui est] bien placée sur un relief important [..] [et] domine le village ».
Cette idée concorde avec celle, empruntée par Jean Lautier à Maurice de Baureau, selon laquelle « une des tours du château de Puyvert était placée de manière à rendre les signaux faciles avec la garnison de Roquefort placée sur un piton de la haute vallée du Sor ».
Ceci ne surprend pas, étant donné que les romains usaient du même stratagème pour communiquer avec des oppida situés au Nord, sur les cuestas de la dépression de Castres.
Les spécialistes s'accordent à penser que Berniquaut était un castrum au sens de « place fortifiée », c'est à dire un village fortifié, dont les murs des maisons « qui ne devaient pas être très hautes » servaient de rempart ou enceinte défensive.
Ainsi, la tour de Berniquaut était un poste de surveillance, point artificiel le plus haut du village grâce auquel les seigneurs et milites communiquaient de châteaux en places fortes.

 

 

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LES VESTIGES DU CHATEAU DE ROQUEFORT
 : LA TOUR
LA TOUR VUE D'AVION

 

 

SOMMAIRE

LES 3 PHASES D'URBANISATION OCCIDENTALE A SOREZE

L'abbaye connaît une phase d'expansion du IXe au XIIIe s, en agrandissant son patrimoine territorial et en voyant émerger et croître une agglomération à l'Ouest de la clôture. L'émergence est attestée en 1057 par la mention « cujusdam domus in eadem Soricinii villa sitae » dans un acte de vente approuvé par l'abbé .
Des actes témoignent de son extension aux XIIIe - XIVe s., évoquant respectivement une borde et un jardin «ad villam novam » (en 1280), une « domus in superio ejusdem villae barrio » (en 1286), une « borde et jardin hors de la ville et au barri d'icelle » (en 1322) .
Il faut cependant prendre garde au sens du mot « villa », qui indique soit un regroupement de quelques maisons, soit un terroir .


On notera la citation du « barri », qui indique le faubourg.


L'apparition et le développement de l'agglomération de Soréze se divise en 3 phases principales :
 . La Ville Vieille : naissance du bourg à l'Ouest des bâtiments conventuels (Xe - XIe s.) .
 . La paroisse St Martin : développement méridional de l'agglomération (XIIe s)
 . La Nouvelle Ville (XIIIe - XIVe), « bastide de Soréze »

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ICI DETAIL DES PHASES D'URBANISATION

SOMMAIRE

PREMIERE PHASE: LOCALISATION DU NOYAU PRIMITIF DU VILLAGE
PRES DE L'ABBAYE (X° - XI° S.)


 
  L'étude du développement du bourg ecclésial s'appuie sur les cadastres de 1595, 1747, et le cadastre napoléonien de 1833.
   Les études des compoix de 1595 et 1747, et des atlas cadastraux de 1747 et 1833 ont permis d'émettre l'hypothèse que le noyau villageois primitif correspondrait au quartier bien individualisé dit de la Ville Vieille, délimité par la rue de Castres (rue actuelle du Maquis), la place de l'église abbatiale et l'abbaye.
   Les petites dimensions du parcellaire, la densité du bâti, l'étroitesse et la tortuosité des rues : ce sont des caractéristiques qui peuvent définir une partie du noyau primitif de l'agglomération .
   Le compoix du XVIIIe s distingue la Ville Vieille de la ville.

   La présence de la Tour Porte dans la rue Olivier actuelle suscite des questions.
Sylvie Campech a émis l'hypothèse d'une tour - porte d'origine médiévale, prise dans la clôture de l'abbaye .
   Les premières habitations se seraient développées de part et d'autre de cette partie de clôture.
   L'agencement observé des habitations selon 2 alignements de maison, l'un s'ouvrant rue du Maquis, l'autre s'ouvrant côté esplanade de la Ville Vieille, corrobore avec cette hypothèse qui pourrait expliquer l'émergence de la première forme d'agglomération à l'Ouest de l'abbaye.
  Au delà de la rue du Maquis et au Sud - Est de ce quartier primitif se serait développée la seconde agglomération, correspondant aux faubourgs, au - delà de la clôture qui cumulait peut - être le double rôle de délimitation de clôture et celui de rempart protecteur.

   Il est primordial de faire remarquer que l'esplanade actuelle dite de la Ville Vieille est apparue entre les XVIe et XVIIe s .
    L'enclos monastique a empiété la partie Est de la Ville Vieille entre les XVIIe et XVIIIe S..
   Il serait intéressant d'étudier l'évolution de cette place du XVIe au XVIIIe s qui préciserait la progression de la clôture envahissant la Ville Vieille par l'est.
  Cet envahissement, en considérant les propos de Sylvie Campech, serait la réplique du premier envahissement médiéval des maisons de part et d'autre de la clôture du monastère médiéval au XIIe s.
   Il semble plus logique de considérer cette première clôture « envahie » comme un rempart protecteur tout simplement, séparé de la clôture concrète du monastère par un espace intermédiaire dans lequel donc les premiers habitants laïcs de Soréze se seraient installés.
   Plusieurs arguments peuvent appuyer cette idée.
  Tout d'abord, les monastères médiévaux situés dans les campagnes isolées, prennent des allures de forteresse à plusieurs espaces de sécurité satisfaisant des questions concrètes de dissuasion et de protection contre tout envahisseur.
  Ensuite, il est tout à fait logique que le premier bourg se soit aggloméré aux murs de l'abbaye et à ses remparts de protection.
  Cette dernière allusion permet de souligner le fait que la localisation de l'emplacement du premier bourg soit difficile, vu la « mouvance » de la clôture monastique à l'époque moderne, qui s'est littéralement étalée et avancée sur d'anciennes parcelles de la Ville Vieille.
  Celles - ci ont pu se trouver en - dedans des limites du parc actuel, où ont été récemment construits des parkings du SM.
  Ces considérations ne sont basées sur aucune certitude scientifique.
  Nous pouvons ici faire remarquer l'intérêt archéologique que cette zone peut encore susciter, dépassé par les priorités culturelles dues aux orientations économiques de ces dernières années.
  On accède à la rue de la Ville Vieille, qui traverse l'esplanade du même nom, par 2 rues parallèles (la rue   Olivier actuelle, et le prolongement de la rue Ville Vieille).
  Le pontet de la rue Olivier est mentionné dans le compoix de 1747 comme « une maison en solier à la ville vieille et sur la tour d'icelle ».
  Nelly Pousthomis a remis en cause la suggestion de Sylvie Campech à propos de la première clôture du monastère dans l'axe de l'ancienne tour-porte qui serait plutôt apparu à l'époque moderne, entre le XVIe et le XVIIIe s, car n'apparaissant pas dans le compoix de 1595.

 

DEUXIEME PHASE: DEVELOPPEMENT MERIDIONAL DE L'AGGLOMERATION ET EDIFICATION DE L'EGLISE PAROISSIALE ST MARTIN (XII° - XIII° S)
 

SOMMAIRE


LE QUARTIER ST MARTIN

  
L'émergence des premiers faubourgs est à l'origine de la fondation d'une paroisse St Martin entre les XIe et XIIe s.
  Dans la suite de son raisonnement, Sylvie Campech a identifié un second rempart, au - delà de la Ville Vieille, délimité par la rue actuelle St Martin à l'Ouest.
   Mais, en ayant analysé le compoix de 1595 et le plan cadastral de 1833 , Nelly Pousthomis pense qu'il est possible que l'îlot compris entre les rues de l'église, de la Ville Vieille à Malmagrade, et de St Martin soit inclus dans cette seconde phase d'urbanisation, au Sud Ouest de la Ville Vieille, et à l'Ouest du monastère.
   En observant l'évolution de l'enclos monastique entre 1657 et 1778 , on constate une extension à l'Est de cet îlot.
   L'agglomération résultant de cette seconde phase est donc restée proche de l'enclos primitif religieux, dessinant une bande allongée Nord - Sud prolongeant la Ville Vieille.
   Avant de devenir un parc aux allées ordonnées d'arbres massifs et élancés en hauteur, la partie orientale de l'enclos de l'abbaye a d'abord été défrichée et débarrassée des marécages d'origine, substitués par des jardins et cultures diverses subvenant aux besoins vivriers des moines.
   Le bourg au Sud - Ouest est proche de la clôture, par mesure de sécurité mais aussi de par l'intérêt que les habitants peuvent tirer de cette situation qui les rapprochent d'autant plus de la communauté régulière et des « bontés » qu'elle a pour but de mettre au service du peuple croyant ou des miséreux.
Ici aussi les bâtiments modernes ont recouvert une surface qui a pu être occupée par des habitations médiévales associées à la seconde phase d'urbanisation, puis envahies par l'avancée de la clôture monastique favorable aux cultures dont l'accès pouvait être ouvert aux laïcs de la paroisse.
   Le regroupement de la population serait à l'origine de la création de la paroisse St Martin et de son église.
   La présence de cette église donnait aux moines la possibilité de vivre pleinement leur vie en communauté, l'abbatiale n'étant plus désormais la destination unique des laïcs pour la messe. 

 

 

 

 

SOMMAIRE

LA PAROISSE ST MARTIN ET « L'EGLISE DE LA CROISSANCE »

   L'église paroissiale St Martin est citée à partir de 1120, et détruite en 1573. Elle fut construite dans la seconde enceinte au XIIe s. Mais l'ancienneté du culte auquel le vocable de St Martin fait référence a permis à Sylvie Campech d'établir les hypothèses suivantes :
 soit l'église du clocher actuel a été construite sur le lieu originel du culte.
 soit l'église a substitué une chapelle qui se trouvait à l'intérieur de la Ville Vieille et qui « devenue très vite trop petite devant une population qui s'accroît [a été] déplacée dans un second temps afin de l'agrandir ».
 soit l'église fut construite à la suite « d'un déplacement plus important du lieu de culte qui aurait suivi une population venue s'installer à Soréze ».
    La citation de l'église au XIIe s. coïncide avec une période entre les Xe et XIIe s pendant laquelle l'emprise de l'église sur les fidèles est renforcée par la mise en place progressive d'un réseau paroissial assez dense dans les campagnes, dont il subsiste d'ailleurs rarement des édifices religieux.
    Les ruines de la chapelle de St Jammes, sur les causses, au Sud de Soréze, si elles correspondent à celles d'une chapelle édifiée au siècle des pèlerinages de St Jacques de Compostelle, illustrerait alors parfaitement cette pénurie répétée de vestiges construits à cette époque.
    La première église St Martin a pu faire partie de ce « blanc manteau d'églises » recouvrant les campagnes du royaume en cette période de « l'église de la croissance ».
   Le cadastre de 1833 indique un « cimetière » au Nord du clocher St Martin, et « l'ancien cimetière » à l'Ouest, indiqué comme « cimetière » dans le compoix de 1595.
   L'emplacement à l'Ouest a sans doute des origines médiévales.
  La présence de cimetières contigus à l'église est un « héritage » médiéval, car la réforme carolingienne s'accompagne d'une christianisation forte des mentalités populaires, et notamment d'une forme de christianisation des défunts dont les sépultures gisent près de l'église protectrice.
  Des équipements collectifs sont mentionnés en 1595, 1747 et 1833: « cimetière paroissial », «maison commune », «four banal » qui ont pu émerger avant ou après l'édification de la paroisse.
   Or celle - ci fait référence à un terroir, donc à des équipements collectifs utilisés par les paroissiens.
   Au XIIe s, le pouvoir banal s'étend, et l'abbé seigneur peut profiter de ces avantages féodaux.

 

TROISIEME PHASE : XIII° - XIV° SIECLE
 

SOMMAIRE


L'EMERGENCE DES PREMIERS FAUBOURGS

Les faubourgs de la « Nouvelle ville » s'organisent à l'Ouest de l'abbaye et de la Ville Vieille, suivant un plan de bastide avec des rues à peu près perpendiculaires, une place centrale avec des couverts et une halle, entourés de remparts .
Cette extension a du se dérouler entre le XIIIe  et le début du XIVe siècle.
Dans cette ensemble, la « Rue de Villeneuve, séparant 2 îlots de la partie Sud - Ouest, non loin de la Porte de Revel et de l'hôpital Si Jacques, pourrait avoir conservé le souvenir de cette extension. ».

La place qui rassemblait des équipements commerciaux correspond aux carrefours des voies principales, soit les rues de
« Linquaut » et « d'en Galauby », et les rues de « la Parayrié » et « du poux nouvel » .

 

 


 

SOMMAIRE

L'ENCEINTE DU VILLAGE

 
   On ne peut pas connaître la nature, le tracé et l'époque d'édification de l'enceinte médiévale.
    La mention de 1253 « murum claustri » désigne une clôture mais nous nous ne pouvons déterminer s'il s'agit de l'enclos monastique ou bien de la clôture délimitant la ville.
    L'existence d'un fossé probablement d'origine médiévale est attestée par le fait qu' « en 1573,
les protestants utilisent des planches pour franchir le fossé et s'emparer de Soréze » .
   Un plan des fortifications daté du XVIIe s donne une description du tracé des fortifications du village après 1620, qui pourrait avoir repris un tracé antérieur.
   Nous ne pouvons donc qu'interpréter les témoignages des mauristes au XVIIe s en ce qui concerne les vestiges possibles d'un rempart médiéval .

 

LES POLES D'ACTIVITES A SOREZE

 
   La seule originalité que l'on puisse trouver dans la morphogenèse du village de Soréze est que le bourg se soit agrandi seulement à l'Ouest du monastère, et non suivant un plan radioconcentrique caractéristique des villages ecclésiaux .


    L'Est était le lieu d'une concentration foncière exploitée par les religieux.
    Côté bourg, deux pôles économiques apparaissent : le premier autour de l'église St Martin comprenant des équipements collectifs, et le second s'organisant autour des couverts et de la rue de Linquaut et ayant une vocation commerciale.
   A cette bipolarité économique s'est adjointe une bipolarité politique, avec l'apparition du consulat de Soréze, attestée à partir de 1330, mais il est probable qu'il soit apparu au cours du XIIIe s, lorsque Soréze est dans sa 3e phase d'expansion villageoise et que l'essor des consulats urbains a contaminé les campagnes rurales.

   Le consulat de Soréze est constitué de 4 consuls qui administrent la cité et délibèrent des décisions lors d'un conseil.
   Ils prêtent serment à l'abbé de Soréze et dans sa maison, preuve d'un contrôle seigneurial sur cet organe juridique, dont l'existence confirme l'importance locale de la bourgeoisie marchande.

   L'abbé intervenait aussi dans les choix des consuls proposés à Soréze et dans certaines seigneuries comme à Villepinte (Aude).

 

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